[RP] Le Départ

Le message est diffusé largement, facile à obtenir sur l'holonet, il reste néanmoins discret, loin des opération de communication "coup de poing", la missive ne fait pas autant de bruit que les précédentes diffusées par les Corsaires. Peut-être aussi parce que pour la première fois, c'est un homme qui apparait sur la vidéo, loin des messages faisant défiler des images à caractère propagandiste sur un fond de musique qu'on imagine "entrainante". Sur la vidéo, c'est à Garm qu'on à affaire, étrangement, pour une fois, il s'exprime sans accent, sans avaler la moitié des lettres, avec une diction impeccable, qui tranche inhabituellement avec ce que ses connaissances ont l'habitude d'entendre venant de lui, à part quelques rares exceptions.

"A toutes et à tous, le moment est venu d'en dire un peu plus. Oui, je suis un Corsaire, je suis même un de leurs meneurs. Pourquoi ce message? Parce que je me retire des affaires. Je m'en vais, j'emporte mon petit avec moi et je pars rejoindre quelqu'un qui compte davantage à mes yeux que toutes les causes de cette foutue galaxie. Maintenant que ceux qui auraient voulu s'en prendre à mes proches pour faire pression savent que ça sera plus que difficile, je vais vous parler un peu plus de nous, de notre cause. De notre lutte. De notre fardeau.

Pourquoi la violence et le terrorisme? La question est simple, la réponse l'est tout autant. Nous ne sommes ni des soldats, ni des Jedi. Pour nous, pas de matériel dernier cri, pas de pouvoirs extra-ordinaires, nous sommes des gens normaux qui ont décidé de prendre les armes pour essayer de défendre la République, ou au moins un mode de vie auquel nous tenons. La violence s'explique facilement, quand on fait face à un ennemi qui ne comprend que la cruauté, que la brutalité, que la traitrise ou la félonie, on peut bien y opposer un temps des idées nobles et des moyens honorables, mais vient un moment où pour faire passer le message il faut parfois s'abaisser aux mêmes bassesses que l'adversaire. Parfois faire pire est même nécessaire.

Pendant toutes ces années, pendant le cessez le feu, je me suis battu, aux quatre coins de la galaxie. J'ai sauvé, j'ai maraudé, brisé des blocus, attaqué des convois, livré ravitaillement et munitions aux factions rebelles et aux résistants qui parsèment ce vaste univers. Quand les soldats se regardaient en chiens de faïence, quand les Jedi tentaient de faire appel à la diplomatie, je me battais et j'agissais. Avec des moyens que certains d'entre vous remettraient en question, je n'en doute pas. Mais je n'ai ni abandonné, ni cédé à l'attentisme. Je n'ai pas laissé reposer mes espoirs sur les épaules d'autrui, je n'ai pas attendu que d'autres luttent ou se soulèvent à ma place. Je me suis battu, encore, chaque jour, sans le moindre répit. A ma façon bien particulière, je suis un héros. Pas du genre à qui on donne des médailles, même plutôt du genre qu'on flanque en prison à la fin d'un conflit, mais un héros tout de même. J'ai tué bien des gens, peut-être même quelques innocents, sans aucun doutes quelques personnes biens. Mais j'en ai sauvé, bien plus, tellement plus.

Et pourquoi me cacher? Nous ne bénéficions que du soutien occulte de quelques organisations gouvernementales, personne ne viendra négocier notre libération si nous étions capturés, si tant est qu'on reconnaisse seulement notre affiliation à la République. Mais davantage que ça, je suis un civil, j'ai une vie. Par la violence de mes actions, nous nous rendons infiniment plus haïssables que n'importe quel soldat, que n'importe quel Jedi. Nous symbolisons la résistance et la rébellion à son état le plus pur, le plus flamboyant et le plus implacable, nous sommes autant une flamme d'espoir pour les civils opprimés qu'une bannière à brûler pour l'ennemi. Si nous nous cachons, ce n'est pas par honte, mais par crainte. La plupart d'entre nous ont des familles, des enfants, des parents, des conjoints, la plupart ne savent même pas que nous ne nous contentons pas de réaliser des livraisons aux quatre coins de la galaxie. Ce sont des victimes faciles et toutes désignées, personne n'ignore que l'Empire n'hésiterait pas une seconde à prendre ceux que nous aimons en otage. Si nous nous cachons ce n'est pas pour nous protéger, c'est pour les protéger eux.

Pourquoi ce message? Simplement pour que chacun prenne conscience qu'aussi détestable qu'il soit, son voisin de comptoir peut être un héros, une femme ou un homme de bien. Quelqu'un qui n'abandonne ni ses proches, ni ses idéaux. Minable, imbécile, ivrogne quelques uns des surnoms les moins fielleux auxquels j'ai eu droit, à titre personne, je m'en contrefiche, je vis selon mon propre code et seul le jugement de ceux qui me sont chers m'importe. Les Jedi trop occupés à boire du thé dans les cantina pour se battre ou les soldats trop occupés à s'alcooliser pour oublier les affres de la guerre, ceux-là, je n'ai cure de leur jugement, après tout, d'une certaine façon, je me bats à leur place. Je ma bats pour qu'ils puissent garder leur petite morale et leur éthique bien proprette impeccable. Je me bats pour qu'ils puissent sortir la tête haute de ce conflit et puissent clamer "je suis resté honorable". Pour ma part, il m'importe davantage d'afficher un petit sourire, voir ceux qui sont importants en vie et pouvoir murmurer "je suis victorieux". Ce n'est pas un appel à la violence, non, mais un appel à un soulèvement massif et unanime. Restez droits dans vos bottes, soyez honnêtes et bons autant que faire se peut et battez vous, à partir de là, peu de choses, sinon rien, pourront vous stopper.

Tout ça c'est bien beau. Je m'en vais, j'abandonne la lourde tâche de la pérennité des Corsaires à d'autres. J'ai des choses bien plus importantes aujourd'hui que des soldats alcooliques, des sénateurs corrompus, un système inégal et un Ordre Jedi qui se réclame tout glorieux sans être capable de tenir en laisse ses padawans à protéger - les gazouillis d'un très jeune enfant se font entendre, le contrebandier affiche l'espace d'un très court instant, de façon à peine perceptible, un sourire très doux, totalement différent du rictus narquois qu'il affiche habituellement -.

Je n'abandonne pas la lutte, je la reprends ailleurs, d'une autre façon, auprès d'autres personnes. Je reviendrais peut-être, et là, là on pourra tous régler nos comptes, tous ceux qui m'en veulent, tous ceux qui ont quelque chose à me reprocher, on ouvrira un guichet, vous ferez la queue, mais vous pourrez un peu balancer ce que vous avez à dire. En attendant, pour une dernière, fois avant un bon moment...

Allez bande d'merdeux, qui m'a foutu des morveux et des gamins braillards pareils? Bordel, sortez vous les doigts du fion pour les mettr' sur vos gachettes et allez vous batt' au lieu d'picoler et vous vanter comme des attardés dans les rades pour spationaut' !"

Le communiqué s'interrompt là-dessus, comme enfilant un déguisement devenu une seconde peau au fil des années, le contrebandier reprend naturellement son expression narquoise tellement insupportable alors qu'il débite la dernière phrase de son ton habituel.

[HRP]Une enquête complète et poussée se penche sur le cas de la société de fret des Corsaires, celle-ci, impeccablement couverte est rapidement innocentée des activités terroristes des Corsaires (les terroristes donc). Des liens et des connexions lient Garm à tant de personnes à travers la galaxie qu'il est purement et simplement inimaginable d'identifier ceux parmi ses connaissances qui pourraient être des Corsaires eux-mêmes. Ceux qui se décideraient à fouiller tout de même seraient confortés en ce sens en réalisant que certains contacts de Garm étaient des adversaires ouverts, voire des ennemis de l'organisation terroriste. Officiellement, Garm est parti aux confins de la galaxie, rejoindre Diamant et mettre leur enfant à l'abri, lutter sur des mondes tellement éloignés que bien peu de choses arrivent jusqu'à eux. Il gardera toujours un oeil sur l'organisation, de loin, comme un père ne peut s'empêcher de veiller sur son enfant, même une fois celui-ci adulte.[/HRP]