Le retour

Port Nullepart

Une ombre se glissa rapidement dans les coursives de l'antique station. Il savait qu'il avait été suivi jusqu'ici mais il mettait à profit sa connaissance des lieux pour tenter de gagner du temps.
Au même moment, trois soldats débarquaient d'un vaisseau de classe Ouragan. Tout vêtu d'une armure en farium, ils ne prirent pas la peine de retirer leurs casques quand le responsable du hangar arriva à leur portée.

"Mess.... " D'un geste le plus grand des trois soldats lui coupa la parole.

"Tâchez de réapprovisionner le vaisseau rapidement, nous ne faisons que passer et n'allons pas nous éterniser dans votre bouge."

Sans plus un mot, ils s'enfoncèrent dans la station, un plan de celle-ci apparaissant sur les capteurs optiques des casques.
L'ombre avait finalement réussi à attendre sa destination. Une petite cache recelait un ordinateur permettant d'envoyer des messages sur une fréquence prédéfinie à usage unique. Sitôt le message envoyé, la fréquence était modifiée suivant un algorithme mis au point par un Anomide. Le mystérieux messager brancha son datapad sur l'ordinateur et commença à transmettre un message.

Son travail effectué, l'informateur rangea l'ordinateur dans sa cache et tourna les talons. Il n'avait que peu de chance d'échapper à ses poursuivants mais il fallait qu'il essaie quand même.


Nar Shaddaa

"Et vous avez des Gannifari ? Ma fille rêve d'avoir cette bestiole et je ne peux rien lui refuser.

_ Mais bien sûr monsieur. Si monsieur veut bien me suivre."

Le droïde emmena le client vers les Gannifari sous l'œil d'une Twi'lek à la peau bleue. Celle-ci allait suivre le client quand un droïde astromécano vient lui triller dans les oreilles
.
"Comment ça un message urgent ! Prend la communication, tu vois bien que je suis occupée."

Une longue série de bip lui fit arrêter tout mouvement.

"Sur cet ordinateur ! Tu ne pouvais pas le dire plus tôt."

La contrebandière tourna les talons et se dirigea vers le centre des opérations aménagé dans son logement. Cela faisait des mois qu'il n'avait pas servi, qu'il n'avait vu personne hormis le droïde chargé de la maintenance.
Les murs étaient couverts de tableaux, d'affiche de propagande et d'avis de recherches. La Twi'lek s'arrêta devant le sien et la rancœur de la trahison de son "employeur" refit surface.
La table de commandement, les chaises et les ordinateurs étaient recouverts de draps blancs, histoire de limiter la poussière. A travers l'un d'eux, un voyant rouge clignotait. Fort heureusement, la contrebandière avait eu la bonne idée de les laisser en veille au cas ou. Et il semblait bien que le cas ou était arrivé.



Ce qu'elle lut interloqua la Twi'lek. Ainsi vous dévoilez votre véritable nature Rakqueen. Il va peut-être être temps de reprendre du service après tout et vous faire payer votre trahison envers la République et les Corsaires. Vous nous avez faire votre sale travail puis nous avez vendu pour avoir les mains propres. Vous auriez mieux fait de nous tuer.

De ses doigts agiles, Chor'ann transféra le message à ses acolytes retirés aux quatre coins de la galaxie. Garm qui s'était retiré sur Tatooine et dont elle avait des nouvelles régulièrement. Catri et Spark dont elle n'avait que de rares nouvelles. Elle hésita avant de rentrer le dernier nom, puis elle ajouta le docteur Katsu à l'envoi. Pour te faire sortir de ta retraite papy.
Une fois le message envoyé, Chor'ann chercha à savoir ce qu'il était advenu de son indic. Malheureusement, tout ce qu'elle trouva le concernant fut un accident de vaisseau spatial. Vous payerez pour ça !
Elle envoya ensuite un message pour réveiller le réseau des Corsaires. Partout dans la galaxie, des informateurs, des dissidents, des taupes recevaient un message leur annonçant la nouvelle.

Les Corsaires étaient de retour.

Quelque part sur Tatooïne

Garm était paisiblement installé sur la terrasse accrochée à une falaise. Diamant s'était absentée une fois de plus, probablement pour aller faire ses "trucs avec les capuchons", et l'homme surveillait d'un oeil distrait le garçonnet qui avait bien grandi désormais.

Son datapad vibra avec véhémence, signalant l'arrivée d'un message. Probablement encore un de ses clients qui lui réclamait une livraison quelconque. Le contrebandier s'était un peu rangé au cours des années passées, plus occupé à simplement répondre aux besoins de sa famille qu'à vraiment secourir la République. De toute façon cette dernière l'avait fait vivre déception sur déception, réalisant que ce nouveau gouvernement ne valait qu'à peine mieux que le régime impérial. La cerise sur le gâteau fut quand sa tête fut mise à prix. Si la somme était flatteuse, la démarche lui laissait un goût amer dans la bouche.

"Avec tout c'que j'ai fait pour cette bande de branques et d'incapables, ça m'fout les glandes bordel !" avait-il crié en l'apprenant, réveillant le petit, qui lui réveilla Diamant, furieuse. Ultime erreur de la part de la République : sa compagne lui avait passé un foutu savon, il ne pardonnerait pas ce gouvernement de fantoches. Il avait raccroché son tablier.

A présent il se contentait de vendre ses services aux indépendants et aux civils, faisant un prix ou un geste quand la cause était juste. La politique, c'était terminé.

Du moins...

Le message venait de Chor'ann et le contenu lui hérissa le poil. Alors comme ça le gouvernement qui avait employé la "juste cause des pauvres petits civils sans défenses" pour exploiter, voire abuser, des services des Corsaires finissait enfin par dévoiler sa vraie nature et cracher au visage des populations dans le besoin. Il cracha de dédain sur le sol, le droïde d'entretien se précipita pour nettoyer, un message pré-enregistré de sa compagne retentissant de ses diffuseurs sonores :
"Mais enfin Garm, t'apprendras jamais à être propre ?!"

Il grimaça, furieux, ça faisait des mois qu'il échappait avec brio aux remontrances avant de bougonner.
"Bande d'culés !"

Il enfila sa veste, boucla sa ceinture, confia son fils au droïde et se dirigea vers le baie de son hangar. Cette morue de Saresh et ses rakgoules allaient payer.

Les Corsaires étaient de retour, et ils l'avaient mauvaise.